Impérativement, à toute heure et en tout lieu – même et surtout en bonne compagnie, dans les moments d’euphorie, avec ceux auprès desquels l’on sent bien -, se méfier des proclamations, du « nous », des codes vestimentaires, des symbole d’appartenance.
Culture ? Sub-culture ? Rien n’est plus évanescent.
Pour preuve : trouver des frontières n’est pas aisé. Des poupées, « russes », les fourbes, pour à dessein obscurcir le propos : patois locaux, épopée nationale, république européenne des lettres, Europe catholique, chrétienté. Sans parler des influences, des métissages – ah, ça tousse au fond à droite, peu importe. Relire Baltrušaitis par exemple pour voir d’où viennent nos grylles médiévales ; ou Etiemble sur l’Europe Chinoise invitée par les Lumières ; et encore, Kurt Flash sur les influences Arabes de la pensée médiévale…
Alors quelle serait l’échelle ? Quelle, l’allégeance prioritaire ? Tout, sans doute dépend du sujet et l’interlocuteur. Occidental quand il est asiatique, Européen, quand il est américain, français quand il est allemand, chrétien quand il est musulman, parisien quand il est provincial, amateur de rock quand il écoute du rap, mais amateur de rock gothique s’il écoute du rock …
« Multidimensionnelles » en plus d’être multiscalaires (‘ça claque, le mot multiscalaire, dommage que ça ne parle pas de poissons), les matriochka s’emboîtent mal. Quel est l’ami, quel est l’autre ? Avec le proche souvent survient la différence – et l’esprit de contradiction toujours accélère la tendance; avec l’étranger, parfois jaillit une proximité, ou d’un malentendu peut-être naît cependant un champ de possibles, de rapprochements féconds, une source d’inspiration, une lumière pour l’interprétation : tout dépend du sujet et de l’interlocuteur.
Tout dépend de l’occasion et de l’interlocuteur, et j’appellerais pareille impermanence « mon » identité ?
Foutaises.
Retour aux fondamentaux : 0,65 O2 + 0,18 C + 0,1 H + 0,3 N + 0,015 Ca + 0,01 P + 0,004 K + des traces d’éléments divers (je source : http://www.lenntech.fr/francais/data-perio/taux-elements-corps-humain.htm) ; le tout agencé par un jeu erratique de fautes de copies moléculaires pour constituer, un temps infime, une occurrence de matière plus ou moins consciente – plutôt moins que plus, d’ailleurs. Avant de retourner au pourrissement, au grand brassage des cycles minéraux et peut-être, au bout du bout, mais cela n’importe guère, à l’effondrement général dans une singularité de théorie.
Aussi, pareillement se méfier des originalités d’expression, d’habillement, et tatouages. Ne pas revendiquer, ne pas prétendre, ne pas affirmer, ce sera déjà bien. You are not the clothes you wear. Ah, un oubli – car c’était encore la génération X – : aujourd’hui Palaniuk ajouterait sans doute avec sagesse :You’re not your fuckin tatoos*
Ok. Ne pas commencer, du coup, et s’y tenir. Le mantra est bon à prendre.
Mieux – oui, mieux, et le sacrilège ne l’aurait pas dérangé comme il choquera les intellos serviles qui se le veulent approprier une fois par génération – mieux que le fou de Rodez dans ses Suppôts et suppliciations ; une litanie de négations sur n pages pour parvenir à ceci : il n’y a que du corps, du corps et des coups. A quand un remix des frères poussières ? Je n’ai pas d’enfants, non, quelle horreur ; mais si j’avais des triplés, peut-être les aurais-je baptisés Friedrich, Antonin et Tyler**…
………………………………………………………..Doesn’t get any better than this.
* contrairement à ce que tente en vain d’expliquer, pour la plupart, les tatoués de notre connaissance. Insistons pour ceux qui ne savent pas lire : « la plupart », et « de notre connaissance ».
** je plaisante, évidemment. Je ne compte plus le nombre d’artistes ratés et autres intermiteux qui ont affublé leur déchet de matrice de prénoms semblables.