Merci de vos lumières.

Le 10 octobre 2015, la présidence de l’Assemblée nationale diffusait un communiqué. Objet : le président de l’assemblée nationale a souhaité que l’Assemblée participe à l’opération « le Jour de la nuit ». Suivait ceci :

« afin de sensibiliser le public aux méfaits de la pollution lumineuse et à la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé. L’éclairage du Palais Bourbon sera ainsi symboliquement éteint à partir de 20 heures et pour toute la nuit.

Par ce geste, la Représentation nationale marque son engagement aux côtés de ceux qui se mobilisent en faveur d’un environnement nocturne préservé.

À quelques semaines de la réunion à Paris de la 21e conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), l’Assemblée nationale souhaite ainsi s’associer à la nécessaire réduction des consommations énergétiques dans notre société et manifeste sa détermination à valoriser la sobriété énergétique. »

Mais quel beau geste.

Une façon de dire que, oui, toutes les nuits, bon nombre des bâtiments de la République, à commencer par le Palais Bourbon, sont allumés pour rien ; que, oui, on sait que cela coûte cher au contribuable ; que oui, cela signifie un dommage environnemental pour produire cette électricité ; que, oui, cela participe d’une pollution lumineuse catastrophique pour la biodiversité ; que oui, on le sait ; et, que, oui, c’est le cas depuis trois ans qu’on a été nommé président de l’Assemblée nationale ; qu’on va vaguement faire mine pour l’occase de s’en soucier avec un geste que l’on sait être symbolique ; mais que non, on n’a pas l’intention que cela change.

Quel courage. Quel engagement.  Quel paluchage.

Ça méritait bien un communiqué.

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Retiré, neet… et hikikomori ?

Partisan du retrait, fais-je l’apologie du hikikomori ?

Même si le modèle du hikikomori n’est à l’évidence pas ce que vise ce blog soucieux d’autarcie ; et bien que l’anarque semble suffisamment éloigné du hikikomori pour que le rapprochement des deux idées tienne de la douleur intellectuelle, s’il n’y a d’autre choix que de condamner ou de soutenir – une alternative idiote comme les idiots les aiment – le hikikomori est à soutenir. Lire la suite

Responsabilités

U6-RO répète comme les indiens que toute transmission présuppose l’acceptation par le maître d’une responsabilité spirituelle qui court jusqu’à la fin du cycle des réincarnations de l’élève – des centaines de vies terrestres. Je suis sûr que c’est absolument exact.

Faut-il en être soulagé si l’élève n’écoute pas ? Ou se détourne…

Quel est le plus grand péché : D’avoir accepté l’élève ? De n’avoir su transmettre ? D’avoir transmis partiellement ?

Le maître peut-il transmettre ?  l’élève peut-il comprendre ?  Il n’y a que des malentendus qui finissent par pointer des chemins.

*

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Si « savoir, c’est mourir »*, l’enseignement confine au meurtre.

Très vrai. Mais si le silence aussi, que faire ?

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Sur le chemin d’un retour, je marchais la respiration lisse, le pas régulier, heureux d’un soleil d’octobre dans les arbres verts et ocre, aspirant quelque être-là fantasmatique – mais sous mes pieds un craquement de mort : perdu dans mes pensées j’avais oublié l’escargot somnolent vu à l’aller.

Le rêveur est toujours coupable.

Shikanta za.


*Sugii Hiraku, in. Kamisama no memo-chou ep.6, « Boku wa Makesō da » – 2011 Prod. J.C.Staff.

DNG : déviance narcissique généralisée

Parlez-moi de moi ; il n’y a que cela qui m’intéresse. L’évêque d’Hippone avait tout dit. Deux amours, deux cités – l’amour de soi jusqu’à l’oubli de Dieu a fait la cité terrestre, les institutions iniques des hommes.

– STOP.

J’aurais comme dans l’idée que le mal était fait à la seconde où les hommes se sont détournés des forces multiples, concrètes et inhumaines de la nature, et se sont retranchés derrière les murs de leur cité (de leur culture) pour vénérer une unique divinité à la fois beaucoup plus lointaine et beaucoup plus humaine : puisque perfection centrale et créatrice inscrite dans l’éternité, mais humaine tout de même – Christ l’a prouvé – dont nous ne sommes que les pâles images. De ce point de vue, il est impossible de ne pas envisager le christianisme comme un humanisme : un système où l’homme vénère une idée de l’homme. Parménide encore.

Pardon, Augustin ; mais je te l’emprunte et je rectifie, plus en accord avec ma pensée : un seul amour a fait une seule cité : l’amour de soi jusqu’à l’oubli des dieux a fait la cité terrestre, et nous y pataugeons toujours. Plus que jamais.

Il a simplement fallu le temps – quelques siècles – pour que cela pénètre bien les esprits ; se démocratise, descende des cerveaux lettrés jusque dans les cerveaux crétins, passe insidieusement de l’anthropocentrisme à l’égocentrisme, de l’humanisme… aux réseaux sociaux.

Et maintenant – tada ! – je suis partout. Je colle ma pomme à gauche et à droite.

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Pour ce que valent les valeurs

Les grammairiens – souvent des grammairiennes – , les esprits étroits qui se masturbent d’une main frigide en scribouillant de l’autre, scrupuleusement, vaniteusement, la dernière dictée de Pivot pour s’enorgueillir ensuite de n’avoir fait que quatre fautes, ces oiseaux qui piaillent le littré perchés sur leur réglette de scrabble,… je m’égare, bref, ceux qui sont à la poésie ce que le nécrophile est à l’amour, les grammairiens donc, n’y peuvent mais. La langue, creuset des représentations du monde, c’est-à-dire : agglomérat toujours actualisé d’idiosyncrasies mal assumées, de psychoses collectives, d’exagérations et d’euphémismes, le tout empâté des inévitables vulgarités de la mode, la langue évolue.

Et plus que les mots, parle leur choix ; plus que leur choix, parle leur évolution. Hier il y avait la morale ; c’était hier. Aujourd’hui, « faire la morale » est, comme le « discours moralisateur »,  malvenu.

Aujourd’hui, n’est-ce pas, on a des « valeurs » ; l’envie de gifler me prend à chaque fois qu’un imbécile – toujours heureux – exhibe le mot – toujours pompeux.

Exemple : les « valeurs républicaines ». Vous entendez les trémolos ? grotesques au point d’étouffer même Malraux dont le fââââmeux bêêêêllement sur Jeaaaaan Moooooulin restera pourtant à jamais dans les annales de la grandiloquence. Les « valeurs républicaines » ? Si la République repose sur des valeurs, il n’y a plus à s’étonner qu’elle soit, plus que jamais, gueuse, souillon, pute et enfant martyre.

Parce que les valeurs, ça vaut quelque-chose ; ça se chiffre, ça se mesure, ça s’échange. Cela se place sur une échelle, à sécher, comme les scalps et les rats morts. Les valeurs, c’est Parménide vu du plus rikiki bout de la lorgnette, l’homme, mesure de toutes choses, sauf, hélas, de son incommensurable sottise.

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