Rhôô, mais quel affreux bébé !

Un cauchemar absolu : des vacances avec les enfants des autres.

Je connais certes une ou deux familles aux enfants – nombreux ou non –  bien élevés, qui ne braillent pas, ne se battent pas, ne cherchent pas en permanence à attirer l’attention, disent « bonjour », « s’il vous plaît » et « merci » et répondent à des prénoms normaux, classiques et sans prétention.

Mais il s’agit de très rares exceptions. Dans l’immense majorité des cas, la ponte de morveux va hélas de paire avec un prodigieux parasitisme des institutions sociales et une époustouflante médiocrité intellectuelle.

A beaucoup d’égards, l’imbécile fait des enfants comme le chat griffe un canapé et comme le chien urine sur un réverbère. Il s’agit dans les deux cas d’une revendication d’existence, c’est-à-dire d’occupation d’une portion de l’espace ; revendication manifestée par un comportement réflexe génétiquement déterminé consistant à salir le monde de ses déjections.

Il est vrai que la comparaison a ses limites. L’urine du chien – les milliers de litres puant de tous les chiens du monde – ne forment pas une nouvelle génération canine encore plus laide, stupide et bâtarde que la précédente. De plus, les chiens qui , eux, ont parfois bon goût, n’affublent pas leur jets d’urine de prénoms stupides, pompeux et prétendument originaux. Pour ne rien dire de ces prénoms  anglo-saxons qui attestent chez les parents une fréquentation trop assidue des vides télévisuels nord-américains.

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Il y a dans la reproduction une irresponsabilité pire que dans l’acte de vote.

De même que l’électeur inscrit et votant, favorable à une imbécillité et croyant être prêt à en assumer les conséquences, est en tous cas prêt à ce que toute la société subisse les conséquentes conséquences de son inconséquence, le géniteur – ou la génitrice, pas de sexisme – non content de nuire, se croit autorisé à perpétuer sa nuisance dans le temps, et à la perpétuer en y ajoutant en plus une variation génétique et morale dont il ne maîtrise rien.

Il y a donc un égoïsme fondamental et paradoxal dans la reproduction, qui reste un : « après moi le déluge » – celui que j’aurais engendré. Dans les périodes conscientes de leur confort, ce peut bien n’être qu’une superficialité de plus.  Dans les périodes troublées, cela s’observe jusqu’à une monstruosité que n’expliquent que la piètre consolation de la chair face au malheur, la force de l’instinct – ou si l’on veut, l’irrépressible fougue que suscitent les hormones. Et lorsque la vie est une damnation, les parents devraient se confondre en excuses à la naissance de l’enfant et jusque sur leur lit de mort.

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Pire : le « après moi le déluge » va plus loin. Car l’enfant roi de ces parents indignes est voué à être enfant martyr.

Le conflit des générations, aujourd’hui parfaitement explicable, en est une autre illustration. La nausée me vient quand je vois ces parents de tous âges qui « donnent tout à leurs enfants » ; mais après avoir tellement tout pris qu’il n’y a plus rien à laisser. Ces méprisables ordures qui prennent leur retraite en sachant que leurs successeurs la payent et n’en auront pas, leur laissent une dette publique à 90 %, une éducation en lambeaux et un environnement esquinté. La lucidité devant pareil niveau d’échec devrait pousser au suicide bien plus qu’à la reproduction.

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Sans doute n’est-ce pas sans quelque hypocrisie qu’élus, écologistes, et sympathisants « no-borders », bien sûr verts, eux pourtant si promoteurs de mondialisation et d’échange sans frontière, jettent l’apophtegme sur les « espèces invasives »  en oubliant  un peu vite,  entre autres choses, que le singe mal nommé sapiens est la première et la pire des espèces invasives .

Une véritable écologie, qui cesserait de postuler l’homme au centre de la nature pour accepter qu’il n’en est qu’un épiphénomène marginal, passerait assurément par une régulation  des naissances à l’échelle planétaire.

Naturellement, la chose n’est guère facile à envisager à l’heure où l’individu trône au centre du monde. Mais si l’humanité veut survivre à sa propre stupidité, il lui faudra comprendre que ce n’est pas parce que l’on peut faire les choses ou que l’on en a envie qu’il faut les faire ; que ce n’est pas parce que l’on peut se reproduire ou que l’on en a envie qu’il faut le faire.

Il n’est pas moins certain qu’un système de régulation par la contrainte soulèverait d’épineuses questions pratiques – bien au-delà de celles posées par un décalage temporaire de la pyramide des âges, avec le risque de jeter entre les masses débiles et leurs non-moins débiles dirigeants une pomme de discorde équivalente à ce que pourrait être un gisement pétrolier ou une mine de diamants. Plutôt qu’un eugénisme forcément délétère, il faudrait alors souhaiter que les valeurs – leurs valeurs, moi, je m’en moque – évoluent pour remettre les choses à leur place.

Alors, alors enfin, la réponse socialement correcte à un faire-part de naissance – accompagné comme il se doit de la photo du monstre chauve, plissé, édenté et braillard – deviendrait : « beurk, mais quel affreux bébé. Qui croyez-vous être pour oser vous reproduire ? »

Ca y est. Je me suis encore fait des amis.

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