Divagations sur une divagation

Il faudra que je dise un jour quelque mot de 0r-n4 – probablement l’être le plus libre que j’ai rencontré.

Je dois notamment à 0r-n4 d’avoir attiré mon attention sur cette divagation de Mallarmé qui m’avait échappée et que j’ai lue trois fois ; une première fois pour me déshabituer de la langue facile et sans heurt qu’il me faut quotidiennement pratiquer, au profit de cette manière d’écriture si propre à l’auteur, un peu maniérée mais qui, comme aucune autre, condense et fait vibrer les mots ; une seconde fois pour m’assurer d’avoir bien saisi la réflexion dans son ensemble et une troisième enfin, pour en goûter jusqu’au bout les exactitudes.

L’une, d’occasion, superficielle et méchante parce que vraie et toujours vraie à plus d’un siècle de distance sur les travers français des acteurs, ceux-là même qui rendent pour moi impossible d’entendre sans la subir la version française d’un film.

L’autre à peine esquissée en quelques mots, au début et à la fin, sur la nature intrinsèque du personnage d’Hamlet, mots qui pourtant se suffisent car criants de vérité jusqu’à l’extrême douleur.

Un regret peut-être : qu’ils laissent peut-être planer l’ombre d’une contradiction entre deux éléments : le fait que le personnage d’Hamlet est, littéralement, le seul à « exister » dans cette pièce ; et ce qui touche à la place et au rôle d’Ophélie.
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Prends garde au Graal

J’ai failli titrer « métaphysique de la dérive urbaine ». Mais ça ronflait trop.

Cette idée bien ancrée qu’il faut savoir où l’on va, chercher quelque chose ; c’est au demeurant le meilleur moyen de rater ce que l’on a sous le nez.

Un peu après que Misaki lui ait expliqué « If you keep walking, you’ll find your path », elle force Satou à une promenade en ville. Extrait d’un chapitre où il est beaucoup question d’eschatologie et d’Armageddon.

The next day, Misaki and I walked through the city streets. The sky was a cloudless blue. As it was Saturday, there were a lot of people near the station, and it was all a little dizzying for me.
As promised, I’d met her at the neighborhood park at one o’clock in the afternoon, and we’d gone straight to the station. About two hours had passed, and we were still walking. We just kept walking. Although Misaki walked in front of me, ostensibly in the lead, I got the feeling that we’d been walking around and around the same roads for a while.
Still, Misaki’s footsteps remained steady.
Finally, I couldn’t take it anymore. « Um, where are we walking? »
Misaki turned around. « What? »
« I mean, what’s our destination? »
« We can’t just walk like this? »
I rolled my eyes toward the sky.
Misaki stopped and folded her arms, deep in thought. « Hm. Now that you mention it, it is kind of strange. Thinking about it more carefully, I guess most people do try to go somewhere. »

Tatsuhlko TAKIMOTO – Welcome to the N.H.K. © Tatsuhiko TAKIMOTO 2002,2005. Kadowa shoten publishing co. ltd, Tokyo, 2005. Traduit en Anglais par Lindsey Akashi – © 2007 TOKYOPOP Inc. pour la traduction anglaise

– Vous avez remarqué la couleur du ciel ?