Mon chautauqua. Une bribe.
L’un de mes anciens étudiants m’a l’autre jour adressé l’un de ses travaux. Le bougre est brillant et son document intéressant mais je n’ai encore pu lui faire de retour, faute de temps et d’avoir une réponse honnête, claire et définitive à sa formule de civilité composée dans les termes suivants « Chère incarnation du pessimisme anthropologique, je vous salue. »
Mon premier réflexe fut de lui rappeler un échange qui remonte maintenant à plusieurs mois, dans lequel, en bon ‘enseignant'(1), j’avais tenté de ménager chèvres et choux. Certes, lui disais-je, il existe des personnes honnêtes, droites et généreuses ; mais j’ai dans ma vie(2), deux fois plus longue que la sienne, et dans mes métiers, autrement plus propices que le jardinage à l’éclosion du cynisme et de la paranoïa, eu le déplaisir de croiser une infinie quantité d’abrutis, pétris d’une couardise ordinaire sous un horizon borné ; un bon paquet d’arrivistes forcenés prêts à trahir la plupart de ceux qu’ils côtoient pourvu que le pognon et ou le pouvoir et ou la gloire soi(en)t au rendez-vous ; un paquet, de bonne taille également, de ces jaloux étranges que rend malades la seule idée qu’un autre puisse gagner de l’argent ; et un nombre significatif de vrais salauds – pas des demis, non, de vraies ordures abjectes.
(Ordures dont, pour autant qu’on me demande mon avis, on gagnerait à se débarrasser promptement plutôt qu’au mieux, de les enfermer et de les nourrir, au pire de les récompenser, de les laisser libres de nuire, voire de les élire)
– naturellement, je n’ajoutais pas alors cette dernière parenthèse, susceptible d’entacher le ménagement professoral du mix capri-caulique.
A la réflexion, mon premier réflexe fut donc probablement hypocrite.
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