Pas dans le coup

Plus qu’une citation, un hommage. Albert, toujours remarquable. Quelques lignes avant que ne soit évoquée la mystification « qui veut nous faire croire que la politique de puissance, quelle qu’elle soit, peut nous mener à une société meilleure où la libération sociale sera enfin réalisée ».

– L’avenir est bien sombre.

– Pourquoi ? Il n’y a rien à craindre puisque désormais, nous sommes mis en règle avec le pire. Il n’y a donc plus que des raisons d’espérer et de lutter.

– Avec qui ?

– Pour la paix.

– Pacifiste inconditionnel ?

– Jusqu’à nouvel ordre, résistant inconditionnel – et à toutes les folies qu’on nous propose.

– En somme, comme on dit, vous n’êtes pas dans le coup ? Lire la suite

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Pour un actionnisme êtriste

« Actionnisme êtriste », ahahaha, quelle foutaise. Juste histoire de remettre à leur place (dans la poubelle) les jargons avant-gardistes. Au cas improbable où ce texte aurait un lecteur, qu’il soit assez gentil pour considérer que « archaïste », « anarquie » etc. méritent un traitement similaire : de grands mots pour transformer un presque rien en… je ne sais quoi… Passons, j’en reviens à mon chautauqua.

Lentement, je reprends ce blog après une longue interruption. Au rang des difficultés que j’éprouve à en poursuivre la rédaction : un certain dégoût pour la parlotte et le manque de temps car faire est envahissant.

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Mais que devient le rêveur quand le rêve est fini

J’emprunte ce titre à Hubert-Félix ; mais à dire vrai, son interrogation se glisse derrière chaque mot que j’écris ces derniers temps.

Je ne les compte plus, ceux qui, parmi les révolutionnaires de ma génération ont passé les 15 années suivant leur vingtaine(1) à justifier, avec force philosophie et rationalité, leur inaction ou, pour ceux d’entre eux qui s’auto-définissaient comme « activistes », leur échec. Oh, bien sûr, il faut les entendre en parler : pour avoir jeté deux pavés, on dirait qu’ils ont fait le Vietnam ; et ils étaient à deux doigts de ; et d’ailleurs, le Gouvernement a reculé etc. etc. etc.

Et leur victoire a été telle que les dernières mandatures ont été ce qu’elles ont été. On se marre.

Et je ne peux m’empêcher de me demander : combien dans ceux d’aujourd’hui suivront la même trajectoire.

D’ores et déjà, j’en ai vu prendre le temps de coucher par écrit une dénonciation de l’attentisme des générations précédentes, toutes occupées à envisager les modalités du grand soir, et d’expliquer qu’eux, allaient [diable, quelle latence dans ce verbe aller] définir les modalités du grand soir et le faire… Voyons : l’écrit est déjà, en lui-même, dilatoire ; et son contenu l’est aussi, mais les paris sont ouverts. Mon intuition et mon expérience me font soupirer : une fois encore, quand dire c’est ne pas faire…
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Cette misanthropie qui croît

Mon chautauqua. Une bribe.

L’un de mes anciens étudiants m’a l’autre jour adressé l’un de ses travaux. Le bougre est brillant et son document intéressant mais je n’ai encore pu lui faire de retour, faute de temps et d’avoir une réponse honnête, claire et définitive à sa formule de civilité composée dans les termes suivants « Chère incarnation du pessimisme anthropologique, je vous salue. »

Mon premier réflexe fut de lui rappeler un échange qui remonte maintenant à plusieurs mois, dans lequel, en bon ‘enseignant'(1), j’avais tenté de ménager chèvres et choux. Certes, lui disais-je, il existe des personnes honnêtes, droites et généreuses ; mais j’ai dans ma vie(2), deux fois plus longue que la sienne, et dans mes métiers, autrement plus propices que le jardinage à l’éclosion du cynisme et de la paranoïa, eu le déplaisir de croiser une infinie quantité d’abrutis, pétris d’une couardise ordinaire sous un horizon borné ; un bon paquet d’arrivistes forcenés prêts à trahir la plupart de ceux qu’ils côtoient pourvu que le pognon et ou le pouvoir et ou la gloire soi(en)t au rendez-vous ; un paquet, de bonne taille également, de ces jaloux étranges que rend malades la seule idée qu’un autre puisse gagner de l’argent ; et un nombre significatif de vrais salauds – pas des demis, non, de vraies ordures abjectes.

(Ordures dont, pour autant qu’on me demande mon avis, on gagnerait à se débarrasser promptement plutôt qu’au mieux, de les enfermer et de les nourrir, au pire de les récompenser, de les laisser libres de nuire, voire de les élire)
– naturellement, je n’ajoutais pas alors cette dernière parenthèse, susceptible d’entacher le ménagement professoral du mix capri-caulique.

A la réflexion, mon premier réflexe fut donc probablement hypocrite.
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