Mais que devient le rêveur quand le rêve est fini

J’emprunte ce titre à Hubert-Félix ; mais à dire vrai, son interrogation se glisse derrière chaque mot que j’écris ces derniers temps.

Je ne les compte plus, ceux qui, parmi les révolutionnaires de ma génération ont passé les 15 années suivant leur vingtaine(1) à justifier, avec force philosophie et rationalité, leur inaction ou, pour ceux d’entre eux qui s’auto-définissaient comme « activistes », leur échec. Oh, bien sûr, il faut les entendre en parler : pour avoir jeté deux pavés, on dirait qu’ils ont fait le Vietnam ; et ils étaient à deux doigts de ; et d’ailleurs, le Gouvernement a reculé etc. etc. etc.

Et leur victoire a été telle que les dernières mandatures ont été ce qu’elles ont été. On se marre.

Et je ne peux m’empêcher de me demander : combien dans ceux d’aujourd’hui suivront la même trajectoire.

D’ores et déjà, j’en ai vu prendre le temps de coucher par écrit une dénonciation de l’attentisme des générations précédentes, toutes occupées à envisager les modalités du grand soir, et d’expliquer qu’eux, allaient [diable, quelle latence dans ce verbe aller] définir les modalités du grand soir et le faire… Voyons : l’écrit est déjà, en lui-même, dilatoire ; et son contenu l’est aussi, mais les paris sont ouverts. Mon intuition et mon expérience me font soupirer : une fois encore, quand dire c’est ne pas faire…

Cela est simplement triste.

Mais il y a plus triste encore – un autre point commun entre les générations : alors qu’ils évoluent et que leurs vérités s’évaporent quand bien même le contexte demeure, ils ont à tout âge cette même et inférieure certitude d’avoir raison – pire, la volonté d’avoir raison et, pire que pire, d’imposer sa raison.

Une aberration pour qui se dit anarchiste.

Et de quoi faire un ennemi, au moins potentiel, pour l’anarque. Et ça, c’est pour moi le plus triste.

Retrait.

 

 

 
————————

(1) Je dis les 15 années, car, lassé, je les ai dans l’ensemble perdus de vue autour de mes 35-38 ans ; mais je suis sûr qu’ils continueront les même gargarismes en maison de retraite.

(2) Si chacun d’eux pouvait à l’instant T coexister avec lui-même aux différents âges de sa vie, ils arriveraient à en venir aux mains. Ou à s’exclure de leur parti.

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