J’ai cité ailleurs Tony Hillerman sur la conception navajo de la richesse, à laquelle j’adhère totalement. Cela faisait bien longtemps que je souhaitais le citer sur la conception navajo du temps. Je saisis donc l’occasion d’éclairer une sombre histoire de myrtilles pour le faire.
« (…) ce qui, pour moi, est le plus difficile à comprendre, et c’est également extrêmement difficile à comprendre pour les autres Indiens c’est [la] manière [qu’ont les Navajos] de considérer le temps. Ils ne le voient pas comme nous en tant que concept linéaire, en tant que mouvement constant allant toujours dans le même sens. Pour eux, ce n’est pas un continuum, un mouvement régulier. Ils se le représentent sous la forme de blocs. De rencontres. Et par voie de conséquence, des mots comme « en avance » ou « en retard » n’ont pour eux aucun sens. Car si Joe doit voir Pete, le moment de leur rencontre est celui où ils se rencontrent et personne ne peut être ni en avance ni en retard… Et cela rend fous les indiens qui vivent alentour (…). Les navajos ne sont jamais là où ils sont censés être. Les autres indiens appellent cela ‘l’heure navajo’, ce qui signifie ‘Dieu sait quand’ »(a)
Quelques commentaires, pour moi-même et sans idée de manœuvre.