Il faut vraiment lire, relire plusieurs fois, l’excellent article de Tim Ingold : « Culture, nature, environnement. Vers une écologie de la vie »(1).
Qu’il soit clair que je ne prétends pas ici résumer cet article – trop riche et trop dense, trop fécond et passionnant en tous cas pour ma perspective ; mais plutôt l’utiliser, dans cette perspective que je reconnais sans problème très différente de la visée anthropologique et méthodologique d’Ingold, pour développer l’un des points que personnellement j’y vois illustré – et/ou que j’en retire, je ne sais trop.
Cela commence ainsi.
« Lorsque l’on poursuit des rennes, il arrive souvent un moment décisif au cours duquel l’un des animaux prend subitement conscience de votre présence (…) reste cloué sur place et vous regarde fixement dans les yeux. (…) Les biologistes expliquent que ce comportement est une adaptation à la prédation des loups. (….) Pour les Cree, si les rennes (ou Caribous comme on les nomme en Amérique du Nord) sont si faciles à tuer, c’est parce que l’animal s’offre lui-même intentionnellement dans un esprit de bonne volonté et même d’amour à l’égard du chasseur. »