pour des bulles

pour avoir fait des bulles de savon
vous serez châtié

ordre imbécile
rébellion enfantine
personne n’en sort vraiment grandi

et pourtant

bulles de savon
de l’eau, des sels minéraux
un souffle – on sort de la matrice

un souffle et du vide
emprisonnés dans une enveloppe fragile
simple et vain miroitement
dérivant, si vite éclaté

et l’on ose se gargariser
économie, métaphysique, société
quand c’est un souffleur
qui dicte les discours…

bulles de savon :
memento mori
les philosophes
plus que tout autre
devraient se taire
suspendre, pécores, leur péroraisons
et méditer


mousse – l’écume des choses,
la société des bulles
toutes vont où les portent
le souffle qui les fait naître
et le vent dominant

et je ne comprends sur les places
ces badauds qui regardent le souffleur,
les bulles difformes et géantes
qu’il forme d’une ficelle,
ou son torrent de bulles labiles

mais parfois l’une,
plus petite, solide et irisée
se détache
trouve l’improbable trajectoire
d’un courant ascendant
et s’élève solitaire

lune de jour dans le ciel,
c’est la seule qui vaille
qu’on la suive des yeux

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