« catho de gauche » : malgré soi, toujours ?

Il y a cette opposition si virulente manifestée par les anarchistes et l’extrême gauche, notamment libertaire, aux religions en général ; au christianisme en particulier.

Je la comprends ; je me l’explique aussi assez bien – et certains dont l’insupportable et jargonneux Marcel Gauchet ont étudié mieux que moi comment l’État moderne s’est construit par une affirmation largement dialectique et paradoxale contre l’autorité traditionnelle de l’Église-catholique-apostolique-et-romaine.

En même temps, elle ne cesse de m’étonner. L’universalisme abstrait qui fonde l’humanisme de gauche s’est construit sur les valeurs chrétiennes. Et la très bien-pensante Kriegel faisant son marché sur les rayons de « la philosophie classique des XVIe-XVIIIe siècles » pour y trouver les fondements de sa Philosophie de la République ne démontrera pas le contraire.

L’opposition de fond n’est pas dans les valeurs mais dans le postulat, finalement externe aux valeurs, de leur fondement en la personne divine ; et là, l’histoire est certes passée du « Omni postestas a deo » au « Ni Dieu ni maître » un rien anachronique dans une époque où le pouvoir prend de toutes autres formes que ces deux archétypes.

Bref, l’opposition se cristallise, comme dirait Gauchet, sur la liquidation de dieu
mais… la sacralisation de sa créature, si chère aux militants des droits de l’homme, est déjà dans la bible – et le décalogue promeut des valeurs de respect de la vie et d’accueil de l’étranger…

Bref, à mon sens, le christianisme a préparé le terrain à la gauche… jusqu’à la capacité à tendre la joue… gauche ; dans l’acte anti-égoïsme méthodologique (M.A.U.S.S, si tu m’entends) et bien sûr anti-capitaliste de la découpe paulinienne du manteau.

Pour le dire encore autrement : la théologie de la libération ne s’y est pas trompée.

Je ne sais pas ce que cela apporte. Mais régulièrement, en passant, j’y pense. Comme à un continuum avec lequel je souffre d’une relation complexe. Enfant, j’ai été au catéchisme et à la messe. Le libertaire en moi s’enracine dans l’idée de la liberté de pensée et le refus de prendre ses ordres auprès de la transcendance. L’anarque misanthrope veut s’enfuir de toute démarche collective. Le vilain petit canard est convaincu que tout cela rend difficile toute conversation sérieuse sur la plupart des sujets « politiques » contemporains.

Heureusement que le schizophrène en charge de la synthèse hausse les épaules en trouvant le sujet inessentiel.

Retrait.

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