tic, tac

Citant Hillerman, j’ai déjà évoqué ce qui ne me plaît pas du tout dans ce qui me semble être la conception du temps dominante de notre société.

Je tombe sur une autre perle, dans un autre polar à prétention peut-être ethnique : la série australienne, se-laissant-voir -sans-plus (mais c’est déjà énorme au vu du niveau moyen abyssal des débilités netflicoprimiques), Mystery road.

Dialogue entre un bushman et une archéologue empressée à découvrir des vestiges du pléistocène australien.

« – Why ‘re they so important to you ?
– They let me see into deep time.
– Deep time ? There’aint no such thing as time. Time helps you white fellows to measure something  you’ve no control over. »

Il y a quelques cultures sur lesquelles deux-trois lectures anthropologiques sérieuses m’ont données de vagues lumières. Les bushmen australiens n’en font hélas pas partie, et je suis donc absolument infoutu de savoir si, ce propos reflète leur pensée ; ou s’il leur est attribué comme caricature télévisuelle d’une pensée philosophico-archaïque telle que peut se la représenter une équipe de scénaristes, et telle que l’attend un public occidental-citadin.

Cette deuxième hypothèse est bien sûr la plus vraisemblable.

N’empêche que l’observation me semble d’une vérité assourdissante.

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fin de partie

A de rares exceptions près, qui tendent à se raréfier, mes amis sont des amis de longue date.
Et eux aussi tendent à se raréfier.

Il paraît que c’est un des signes du vieillissement, de limiter ses interactions sociales.

Mais comme un autre signe de vieillissement est la réduction de sa sphère d’intérêts et d’activités et que ma sphère d’intérêts et d’activités souffre à la fois d’un renouvellement constant et d’une expansion perpétuelle, je me rassure.

Et puis il y a aussi le fait qu’on apprend avec le temps :

que la vie est une machine à séparer les gens.

Et qu’il vaut mieux ne rien attendre d’eux, car il existe trop de personnes infiniment décevantes – des personnes que l’on aime, certes, non moins infiniment, au point de faire avec ; de réviser à la baisse les attentes que l’on a d’elles, et qui même ainsi déçoivent et déçoivent encore, dans une chute par paliers qui ne se termine pas, si bien qu’est acquise à moment donné cette certitude : il n’y a RIEN à attendre d’elles. Peu importe, ça n’empêche pas de les aimer. Il y a aussi, bien que rarissimes, des cas contraires, solides comme des rocs ; j’y viens.

En revanche, l’un des vrais signes du vieillissement est qu’autour de soi, les gens que l’on aime commencent à partir. « Partir ». Sainte-Euphémie, puisses-tu rôtir en enfer. Ils ne partent pas, ils meurent.

Cela posé, voici cette histoire que je veux garder en mémoire.
Pour moi, elle recèle beaucoup de leçons et je sais que je n’ai pas fini de les tirer.
Je la partage au cas où d’autres peut-être, y trouveraient quelque chose. Je ne sais pas.

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Il y a de cela 30 ans, il y avait Miliouchka. Une merveille de fille aux yeux noisette, qui parlait en grec antique à son chat, et dont, après avoir été l’ami – une des deux, trois, quatre ? pas plus en tous cas, vraies rares relations poétiques de ma vie –, j’étais devenu l’amant-amoureux-fou.

Et la meilleure amie de Miliouchka, une chinoise du nom de Ne-Tsing, (peut-être avec Miliouchka la personne la plus naturellement littéraire que j’aie rencontrée – l’une est devenue éditrice, l’autre auteur), avait aussi son amoureux. Un type étrange, tout mince, aussi grand que j’étais nain, avec des yeux un peu brillants, les ongles généralement en deuil et une barbe à la Raspoutine. DR-C3 était en maths sup bio.

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