La souveraineté – concept bâtard mêlant droit et puissance, hypostasié par les ordres juridiques contemporains nationaux et internationaux – n’est pas seulement récent, et perpétuellement mis à mal.
Comme trait majeur – comme définition même de l’État, au moins dans son acception unitaire – elle est supposée depuis Machiavel permettre un optimum social de second rang – l’ordre cynique mieux que le chaos guerrier auquel conduirait la poursuite d’un optimum théologico-politique de premier rang.
(Où l’on observera que, contrairement à une lecture qui n’est pas inexacte mais trop répandue, Machiavel ne fait pas table rase d’Augustin. S’il remise bien aux oubliettes l’augustinisme politique, il valide au contraire la lettre même de l’évêque d’Hippone en ne niant pas et même en théorisant le caractère inique des institutions humaines ; avec cette lucidité de placer la coprophilie au fondement de la science politique – une amertume de courtisan, fut-il courtisan d’un « magnifique » Laurent, on se marre.)
Or, rien ne dit que ce qui a pu prévaloir au temps de l’ordre westphalien vaille avec pertinence aujourd’hui. Lire la suite