Quelle fin de la souveraineté ?

La souveraineté – concept bâtard mêlant droit et puissance, hypostasié par les ordres juridiques contemporains nationaux et internationaux – n’est pas seulement récent, et perpétuellement mis à mal.

Comme trait majeur – comme définition même de l’État, au moins dans son acception unitaire – elle est supposée depuis Machiavel permettre un optimum social de second rang – l’ordre cynique mieux que le chaos guerrier auquel conduirait la poursuite d’un optimum théologico-politique de premier rang.

(Où l’on observera que, contrairement à une lecture qui n’est pas inexacte mais trop répandue, Machiavel ne fait pas table rase d’Augustin. S’il remise bien aux oubliettes l’augustinisme politique, il valide au contraire la lettre même de l’évêque d’Hippone en ne niant pas et même en théorisant le caractère inique des institutions humaines ; avec cette lucidité de placer la coprophilie au fondement de la science politique – une amertume de courtisan, fut-il courtisan d’un « magnifique » Laurent, on se marre.)

Or, rien ne dit que ce qui a pu prévaloir au temps de l’ordre westphalien vaille avec pertinence aujourd’hui. Lire la suite

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Richesse navajo

« Riche : le désir de posséder est chez les Navajos le pire des maux, pouvant même s »apparenter à la sorcellerie. Citons Alex Etcitty, un Navajo ami de l’auteur {le romancier Tony Hillerman] : « On m’a appris que c’était une chose juste de posséder ce que l’on a. Mais si on commence à avoir trop, cela montre que l’on ne se préoccupe pas des siens comme on le devrait. Si l’on devient riche, c’est que l’on a pris des choses qui appartiennent à d’autres. Prononcer les mots « Navajo riche » revient à dire « eau sèche » ». (Arizona Highways, août 1997) »

Source : Danièle et Pierre Bondil, dans le glossaire qu’ils font figurer à la fin de leurs traduction des romans de Tony Hillerman publiés chez Payot dans la collection Rivages Noir. Par exemple : Tony Hillerman, L’Homme squelette, Paris, Payot, 2008, 289p.

PS : et pour dire combien l’époque corrompt tout ce qu’elle touche : l‘eau sèche, c’est fait…

 

 

 

Prophylaxie culturelle

De tout puissant, l’on – la société, de sa masse à ses esprits les plus éclairés – pourrait et devrait à vrai dire ne retenir que l’infâme. Car l’envie même de s’élever présuppose la conscience de sa propre médiocrité ; consubstantielle de l’individu dès le plus jeune âge. L’infériorité d’un être se mesure à ses rêves de grandeur.

Dans l’enfance de tout « puissant », il y a un morveux trépignant : « quand je serais grand, je serais président de la république » ; humilié de n’être pas davantage : un faible ; un ego qui a besoin de reconnaissance : un faible ; un traître qui ne dit pas ce qu’il pense : un faible ; un lâche qui joue de sa force pour s’imposer : un faible. Rien n’est plus infondé que ce terme de « puissant ».

Je fais reproche à Jünger d’avoir fait d’Eumeswill une uchronie, lui permettant de définir l’anarque par rapport à la figure du Condor ; et du Condor un tyran d’opérette, trop beau pour être vrai.

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Les « grandes » familles

Nous avons en France, parmi les gens très bien, ceux qui « haut placés », dans les conseils d’administration de la « haute » finance, dans les « grands » corps de l’Etat, proviennent de « grandes familles » avec de « grand noms » ; des qui tiennent le « haut du pavé » depuis des siècles.

Toute cette grandeur. Si loin au dessus de la fange. Ça donne le vertige.

Soit, mais il y a autre chose qui donne le vertige.   Crénom, en 600 ou 700 ans, combien de vestes retournées, combien de bottes léchées, combien de culottes baissées ? Pour ne rien dire des servantes troussées, des secrétaires martyrisées, des subalternes consternés. (Sans doute, il doit bien y avoir des exceptions : je les cherche encore)

« Grandes » familles ? Comme dirait le petit sage vert si la question lui était posée : nul par la putasserie grand ne devient.

Note incidente : De ces générations entières de putes, sans doute faut-il déduire que la veulerie courtisane est héréditaire.

Se méfier des grands noms. Ils puent la syphilis.