De tout puissant, l’on – la société, de sa masse à ses esprits les plus éclairés – pourrait et devrait à vrai dire ne retenir que l’infâme. Car l’envie même de s’élever présuppose la conscience de sa propre médiocrité ; consubstantielle de l’individu dès le plus jeune âge. L’infériorité d’un être se mesure à ses rêves de grandeur.
Dans l’enfance de tout « puissant », il y a un morveux trépignant : « quand je serais grand, je serais président de la république » ; humilié de n’être pas davantage : un faible ; un ego qui a besoin de reconnaissance : un faible ; un traître qui ne dit pas ce qu’il pense : un faible ; un lâche qui joue de sa force pour s’imposer : un faible. Rien n’est plus infondé que ce terme de « puissant ».
Je fais reproche à Jünger d’avoir fait d’Eumeswill une uchronie, lui permettant de définir l’anarque par rapport à la figure du Condor ; et du Condor un tyran d’opérette, trop beau pour être vrai.