Identités II. – Cartographie par les prédicats

Deuxième essai, nouvelle tentative. Sur les faibles acquis précédents et avec plus de méthode.

1. « Je », donc : du corps et des coups pris dans une pluralité de groupes imbriqués, des toiles d’appartenance multiples. A la croisée de cultures ; de subcultures ; de micro-cultures ; de milieux sociaux ; d’habitudes de groupe ; de névroses familiales.

1.1. Le tout façonnant l’esprit ; c’est acquis. Le corps, peut-être aussi, un peu – il faudra y revenir, bref. Mes cultures me font.

1.2. Mais la réciproque n’est évidemment pas moins vraie.

Car, l’individu n’est pas pour ces influences un réceptacle neutre. Il sélectionne, choisit, fait son marché sur les rayons – surtout dans un monde où la culture faite produit se consomme. Plus ou moins dominé par son système limbique, plus ou moins enclin aux découvertes, aux innovations.M’orientant dans les cultures, je les oriente avec moi.Rien ici de figé.

1.4. Sans oublier qu’avec plus ou moins de lucidité, de mauvaise foi et de narcissisme, chacun construit pour soi et pour autrui l’image débile de l’égo ; identité fantasmée ; où, partant, se fantasme, se réinventent et se simplifient les cultures – dans un aberrant cycle où chaque représentation en engendre une autre, plus idiosyncrasique, plus folle.

2.« Je », donc : un point d’intersection(s).

2.1. Ce pourquoi défaut de s’abstraire aisément dans une théorie positive, l’identité, les identités sans doute plus, se constate(nt). Car parfois aux carrefours s’éprouvent les instants de communions. Et à leurs antipodes sont les objets de rejet.

2.2. Ce pourquoi, le groupe, ne m’est qu’une route, une qui parmi d’autres me traversent ; ce pourquoi l’engagement est simplification ; et mutilation – ou mensonge – à soi comme aux autres. Et pourquoi par ailleurs, en soi, passé l’instant – l’accident – communiel de coïncidence, le groupe est souffrance ou malentendu.

3. Si l’on pouvait lister in abstracto l’ensemble des allégeances possibles d’un individu quelconque, et numéroter ces dernières comme autant d’axes – par exemple un axe « religion x », un axe « langue », un axe « famille », un axe « subculture x », un etc. si bien que certains axes seraient exclusifs ou non – et estimer sur cet axe l’intensité de l’allégeance, l’identité deviendrait un ensemble de coordonnées ; une matrice.

3.1. … l’ensemble de la matrice évoluant au gré du temps, des hormones, des fréquentations, des lubies, des variations de l’ego. Je n’est qu’impermanence.

3.2. Bien sûr pour un individu donné, nombre des lignes de la matrice totale ne seraient tout simplement pas renseignées ; les préoccupations relevant de ces axes appartiennent à proprement parler à d’autres dimensions.

3.3. Naturellement, une forte intensité sur l’un des axes serait soit substituable avec d’autres (allégeance plus ou moins exclusive, tout simplement que plus on est fidèle à une religion, moins on est enclin à en accepter une autre) ; soit complémentaire avec d’autres (si vous vous définissez grandement en fonction de ceci, alors vous accordez une grande importance à…),

3.4. On parvient ainsi à une cartographie de l’identité – à une carte d’identité – beaucoup plus fine que l’état civil. On ne s’y trompe pas : c’est évidemment – d’une façon mathématiquement différente mais avec une démarche et un résultat très similaires – ce que font quotidiennement les réseaux sociaux et les autres grands frères qui nous surveillent.

3.5. Dans la succession temporelle des cartes qui s’ébauche, certainement se dégagent une zone familière, un centre de gravité, peut-être un biotope. Des zones de confort ; et pourquoi pas, selon les uns ou les autres, des zones de danger.

4. Où de nouveau, jaillit la contradiction. Suis-je ou ne suis pas mes vêtements, mon job, ma religion. C’est affaire de choix : cantonner l’individu à son évanescente substance ou, faute de mieux et parce que l’époque s’adonne aux vulgarités de l’intérêt, le définir par d’impermanents prédicats ?

………………….Buée ou buée de buée. L’Ecclésiaste, encore et toujours.

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