De quelques (usuelles) réactions à l’abstentionnisme

Stupidité ou abus d’alcool ; les deux probablement. Je me suis récemment laissé aller à accepter une discussion sur le sujet de l’exercice du droit de vote. Cela m’a valu un florilège des réponses typiques offertes à l’abstentionniste par ceux qui savent – qui savent qu’il faut voter, pourquoi et pour qui il faut voter.

L’ordre est toujours le même :
– « si tu ne votes pas, tu ne peux pas te plaindre »
– « eh bien si personne ne te représente, présente toi ! »
– « ta vision des choses est négative. »
– « C’est méprisant. »

Pfff.
« Eléments de (non-)réponse » :

– « si tu ne votes pas, tu ne peux pas te plaindre »
J’emmerde la condescendance du propos. Je ne suis pas un gosse et je suis pas en train de pleurnicher dans les jupes de quelqu’un. Je ne connais ni ne reconnais comme légitime d’autorité tutélaire, humaine ou divine, qui pourrait enregistrer la plainte, et s’il y a un être quelconque pour prétendre incarner cette autorité, je souhaite sa disparition très prochaine.
Donc je ne me plains pas.
Si je suis bien obligé de faire avec le fait, je refuse d’accepter le principe d’un « gouvernement » (et d’un « dominant ») – principe manifestement admis par une majorité faisant et pensant par ailleurs ce qu’elle veut sans que je n’aie les moyens ou l’envie de l’en empêcher. Ce qui ne m’interdit ni de me moquer éperdument de ses choix, ni de la vomir – au gré de mes humeurs et de l’intensité des nuisances collatérales que je dois subir.
Je refuse également de me prêter à ce foutage de gueule dans lequel la masse imbécile se et me donne le choix entre des laquais d’un système de domination échappant chaque jour un peu plus au politique.
Et je refuse enfin de donner ma voix ou ma caution à quelqu’un dont je sais parfaitement qu’il est inapte à me représenter, inapte au poste qu’il prétend occuper et dont, pour ma part, je souhaite la destitution et l’exil – à défaut d’une solution beaucoup plus radicale.
Dit comme ça, c’est plus clair ?

– « eh bien si personne ne te représente, présente toi ! »
Non.
(Après l’échange qui précède, je suis toujours un peu étonné de devoir ré-expliquer). Refusant la domination de l’homme par l’homme je ne vais pas, moi, prétendre régner.
Je ne prétends pas avoir les solutions aux problèmes humains. Ce qui me dépasse est qu’il y ait des gens qui croient les avoir et d’autres pour les croire.
Dans mon expérience les premiers sont des imbéciles nuisibles et malfaisants, les seconds, des dupes par inadvertance qui ont d’autres chats à fouetter – et sur ce dernier point, je les comprends.

– « ta vision des choses est négative. »
Alors là, j’avoue que l’argument, d’une puissance époustouflante, fait mouche. Ou pas. C’est négatif, et alors ? Depuis quand doit-on écarter une idée parce qu’elle n’est pas suave à l’oreille et plaisante au cœur ?

– « C’est méprisant. »
Est-ce méprisant de penser que les êtres humains sont des singes chez lesquels s’observent  (a) une variabilité interindividuelle immense mais gaussienne des capacités intellectuelles aussi bien que des vertus morales, et (b) un comportement majoritairement irrationnel, deux traits qui les rendent inaptes à gérer la complexité de la société qu’ils ont créé ?
Je ne sais pas, je ne crois pas et je m’en fous.
C’est juste ce qui me saute aux yeux quand je regarde le monde, voilà tout.
Pour information, parlant des êtres humains, je m’inclus dans le lot, en sachant que j’évite autant que possible de me mépriser aussi bien que de m’admirer, deux pertes de temps narcissiques et navrantes.

Cela étant, convaincre ne m’intéresse pas.

Mais franchement, quelle idée j’ai eu de l’ouvrir. Pense bête pour un futur meilleur :
1. Eviter les contacts humains.
2. Eviter de parler.
3. S’il faut vraiment parler, éviter toute conversation économique, politique ou philosophique.
4. S’il faut en parler, renoncer à toute sincérité et hocher la tête d’un air entendu.

En conclusion, je ne résiste pas à un peu d’infantilisme brise-fer, à défaut d’être brise-tronche.

Publicité