Une citation croisée au détour d’un ouvrage de Denis Richet, à propos du caractère insaisissable de l’absolutisme français.
L’historien montre qu’existe sur ce sujet trois problèmes que l’on devrait à mon sens appliquer à (presque?) tout phénomène historique : un problème de définition, un problème de périodisation, mais aussi un problème de rapports entre théorie et pratique politique.
Il précise ainsi ce troisième problème:
« Ces difficultés [à cerner l’absolutisme] (…) tiennent, selon moi, au fait que trop souvent l’on néglige d’éclairer les rapports entre théorie (et par théorie, j’entends non seulement les définitions juridiques mais les justifications idéologiques et l’environnement socio-culturel) et pratique politique. Comme tout système, celui qui régit la France du XVe au XVIIIe siècle était un champ de forces mouvantes où s’interpénétraient les tendances de l’évolution économico-sociale, les courants intellectuels et religieux, les exigences de certains choix politiques. Ni une construction harmonieuse et logique, ni un magma irrationnel, mais la résultante de forces en perpétuelle mutation ».
Une grande vérité, en effet généralisable, et que perdent très rapidement de vue la plupart des analyses de la société contemporaine. A garder en tête à titre prophylactique face à tous les pondeurs de systèmes interprétatifs simplistes, une espèce ovipare invasive, présente dans toute conversation sur « la politique », et fréquente chez les historiens.
Denis Richet : La France moderne : l’esprit des institutions, Flammarion 1973 (rééd. Coll. Champs Histoire 2009).
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